Conseil azoté : l’approche GREN : Différence entre versions

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Version du 19 juillet 2016 à 10:38

Au palmarès des questions agronomiques des 30 dernières années, la gestion de la fertilisation azotée figure en bonne place. Le sujet est loin d’être épuisé pour autant, à en juger par les publications régulières d’études technico-économiques et scientifiques s’y rapportant. La mesure du reliquat azoté et son interprétation pour le conseil de fertilisation, sont l’un des leviers de la gestion azotée à la parcelle. Dans ce cadre, les instances techniques, scientifiques et réglementaires ont élaboré et diffusé des outils et des méthodes de raisonnement de l’azote. Petite mise au point sur le cadre réglementaire actuel et sur l’interprétation des mesures de reliquats azotés en sortie d’hiver par Auréa AgroSciences, à la veille de la campagne « RSH 2016 ».


Le Reliquat azoté en Sortie d’Hiver (RSH) est une estimation de la quantité d’azote minéral disponible pour la culture en place ou à venir. Cette estimation repose sur une mesure de la teneur en azote minéral d’un échantillon de terre 1 (exprimé en mg/kg d’azote nitrique N-NO3 et azote ammoniacal N-NH4), qui est ensuite convertie en stock disponible (exprimé en kg/ha, en fonction de différents paramètres tels que la densité apparente et charge en cailloux estimées, ainsi que la profondeur d’enracinement potentielle de la culture). Le RSH permet de calculer une dose prévisionnelle d’azote à apporter par les fertilisants selon la méthode du bilan. Cette méthode est retenue au niveau national dans le cadre des programmes d’actions « nitrate » comme l’outil de référence pour garantir l’équilibre de la fertilisation azotée.

LES PROGRAMMES D'ACTION NITRATE

Ces programmes d’action « nitrate » (PAN) sont la déclinaison française de la directive européenne 91/676/CEE du 12 décembre 1991, dite directive « nitrates ». Cette directive vise à «réduire la pollution des eaux provoquée ou induite par les nitrates à partir de sources agricoles» et «prévenir toute nouvelle pollution de ce type». Cette directive impose aux états membres de délimiter des zones vulnérables révisées tous les 4 ans depuis 1994, et de mettre en œuvre diverses actions pour les exploitations ayant au moins 3 ha en zone vulnérable (voir carte ci-dessous) :

        • Gestion de la capacité de stockage des effluents sur l’exploitation

        • Définition de périodes d’épandage des fertilisants azotés et modalités d’épandage (distance / cours d’eau, sol en pente, inondé, gelé ou enneigé)

        • Couverture hivernale des surfaces cultivées

        • Equilibre de la fertilisation azotée (méthode de calcul de dose d’apport)

        • Etablissement du plan de fumure et du cahier d’enregistrement des pratiques

       • Calcul de la quantité maximale d’azote contenue dans les effluents d’élevage pouvant être épandue annuellement par chaque exploitation (CORPEN)

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Le cinquième programme, actuellement en vigueur, présente plusieurs évolutions significatives par rapport aux précédents programmes, notamment suite à la mise en demeure de la France par la Commission Européenne qui a demandé de réformer le cadre national et la déclinaison locale de la Directive Nitrates.

        • Les programmes d’action sont déclinés au niveau régional (PAR) et non plus départemental.

        • Des Groupes Régionaux d’Expertise Nitrates (GREN) sont mis en place, avec pour mission de définir un référentiel régional pour le calcul prévisionnel de la dose d’azote, en accord avec les principes émis par le COMIFER 2.

        • Le cinquième programme impose la réalisation d’au moins une analyse de sol par an sur au moins une culture principale. Selon les régions, cette analyse peut être un RSH ou une mesure du taux de matière organique ou d’azote total.

        • L’utilisation d’outils de pilotage en cours de végétation est recommandée, et permet de justifier un dépassement de la dose prévisionnelle.


Ces mesures nationales peuvent être renforcées au niveau régional, notamment dans les Zones d’Actions Renforcées (ZAR).


Chaque GREN a proposé une déclinaison régionale de l’équation nationale du bilan, avec des variations plus ou moins prononcées.

Une des variations les plus notables est l’utilisation d’un Coefficient Apparent d’Utilisation de l’engrais (CAU), qui permettrait de prendre en compte une moins bonne utilisation de la fertilisation azotée dans des milieux contraints (voir carte ci-après).


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LE RSH EST IL INCONTOURNABLE ?

Le Reliquat Sortie Hiver permet de renseigner le poste « azote minéral à l’ouverture du bilan (Ri) ». Mais, au-delà de son utilisation « réglementaire », il nous faut continuer à le voir comme un outil de connaissance du sol et de compréhension de son fonctionnement à la parcelle en grande culture comme en cultures pérennes. Ceci est aussi vrai dans les régions « à RSH obligatoire » que dans les situations où la mesure du RSH n’est pas obligatoire, voire non demandée par la réglementation. Dans l’équation du bilan de masse, il s’agit du seul poste mesuré. Tous les autres postes du bilan sont estimés ou calculés à l’aide de tables de référence ou de modèles. Ces postes dépendent des conditions pédoclimatiques et du système de culture. Le renseignement précis du questionnaire agronomique est donc primordial pour obtenir un conseil de dose d’azote adapté à la situation.

Il est à noter que certaines cultures, les prairies notamment, n’utilisent pas le poste Ri dans le calcul de la dose prévisionnelle d’azote. Ainsi l’interprétation de la mesure de reliquat azoté n’est pas possible pour ces cultures.

Enfin, certaines régions (Poitou Charentes par exemple) imposent la mesure de reliquats azotés post récolte en zones d’actions renforcées (ZAR). Leur interprétation diffère de celle du RSH. Le reliquat post récolte ne sert pas à calculer une dose prévisionnelle d’azote. Il peut être utilisé pour évaluer la valorisation de la fertilisation azotée par la culture récoltée, ou pour estimer l’azote potentiellement lessivable pendant l’hiver. Les valeurs de reliquat post récolte peuvent être assez élevées, notamment à cause de la forte minéralisation qui a lieu pendant la période automnale voire estivale

INTERPRETATION DU RSH EN 2016 CHEZ AUREA AGROSCIENCES

Lorsqu’elle sera demandée, l’interprétation du reliquat azoté sortie hiver de la campagne 2016 sera faite par Auréa AgroSciences selon les référentiels GREN. Toutes les régions concernées par le programme d’action nitrate sont paramétrées dans notre logiciel d’interprétation, avec quelques adaptations :

        • Les reliquats sur prairie ne sont pas interprétés

        • Le besoin du colza a été uniformisé à 7 kg N / quintal afin de correspondre aux nouvelles références de Terres Inovia (ex CETIOM) et leur réglette azote colza [1]

        • Le besoin des blés tendres, blés améliorants et blés durs tient compte des coefficients « b » régionalisés issus de la classification ARVALIS (décembre 2015)


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Auréa AgroSciences travaille également en collaboration avec ARVALIS sur un nouvel outil de calcul de dose prévisionnelle d’azote, utilisant des fonctions dynamiques pour calculer certains postes du bilan, comme la minéralisation de la matière organique du sol ou des produits organiques. Cet outil sera proposé en 2017, lorsqu’il aura été labellisé par les GREN. En effet, une procédure de reconnaissance réglementaire des outils de calcul de dose a été lancée en janvier 2015 par le ministère de l’agriculture pour clarifier la possibilité d'utilisation d'outils de calcul de la dose prévisionnelle d'azote à la place du référentiel fixé par l'arrêté GREN. Cette reconnaissance devait être effective pour la fin 2015, mais a été reportée au printemps 2016. Auréa AgroSciences a déposé un dossier pour ces deux méthodes de calcul (référentiel GREN et méthode dynamique) pour les 21 régions. Rendez-vous donc en 2017 !



1 Auréa AgroSciences (site d’Ardon) est accrédité COFRAC pour la mesure de l’azote minéral sur échantillon brut selon une méthode interne adaptée de la NF ISO 14256-2. Le site d’Ardon réalise dorénavant l’ensemble des analyses de reliquats azotés d’Auréa AgroSciences.

2 La description détaillée de tous les postes du bilan et des méthodes de calculs pour les différentes cultures se trouve dans la brochure azote éditée par le COMIFER. Les documents sont téléchargeables à l’adresse suivante : http://www.comifer.asso.fr/index.php/bilan-azote.