La banane
Le bananier s’impose tant cette plante fait partie du patrimoine collectif. Ses particularités physiologiques et agronomiques expliquent son importance économique, sociologique et politique.
- Parce que le bananier n’est pas un arbre
Présent dans toutes les zones intertropicales humides, le bananier est une monocotylédone herbacée de la famille des Musacées. Malgré sa hauteur potentielle (jusqu’à 8 mètres de haut) le bananier n’est donc pas un arbre. Des feuilles de dimension croissante démarrent d’un rhizome avec des pétioles qui s’imbriquent progressivement les uns dans les autres pour former un pseudo tronc, non ligneux. Quand le nombre de feuilles est suffisant, une tige, souterraine au départ, se développe à l’intérieur de ce faux tronc et forme une inflorescence au centre des feuilles qui va former le futur régime. Un cycle complet (phase végétative, floraison, fructification) dure de 9 à 14 mois. Après la récolte, on coupe le pseudo tronc pour favoriser la nutrition des rejets apparaissant à la base. C’est sur un de ces rejets, préalablement choisi (oeilletonnage), que se fera la production du cycle suivant. Le bananier est donc une plante pérenne avec une production non saisonnière. Cette capacité de reproduction végétative explique la facilité de culture de la banane, mais aussi les risques de propagation de maladies et parasites et d’appauvrissement génétique. L’utilisation de vitro-plants a été un progrès important pour cette espèce. Cette capacité végétative exceptionnelle explique également des besoins particulièrement élevés en eau et en éléments minéraux.
- Parce que la banane supporte le transport
La banane est un fruit climactérique, c’est-à-dire capable de mûrir après cueillette. Cette capacité d’autonomie s’acquiert sur la plante et la récolte peut se faire avant maturité gustative, mais seulement quand le fruit a acquis la compétence à mûrir.
Les fruits sont classés en fruits climactériques (pommes, kiwis hayward, poires, tomates…) et non climactériques (agrumes, raisin, fraise…), c’est-à-dire peu ou pas sensibles à l’éthylène. Un fruit non climactérique est récolté en fonction de ses qualités gustatives et entrera, dès la cueillette en phase de sénescence. Même si cette classification trop simpliste est remise en question (certaines variétés de la même espèce, comme pour le melon ou l’actinidia, pouvant être ou non climactérique selon leur génotype), elle a le mérite d’expliquer le développement commercial de la banane : sa nature climactérique lui permet de supporter le transport (récolte en vert) et la conservation, moyennant un contrôle des conditions d’ambiance (O2, CO2).
A l’inverse, le processus de maturation peut être activé en diffusant de l’éthylène dans la chambre de conservation (mûrisserie). Sa peau confère également à la banane une résistance mécanique importante (aux chocs et meurtrissures) qui explique également sa facilité de transport. Par contre, la peau (non consommée) représentant une part significative du poids du fruit, la banane présente, par rapport aux autres fruits, un des plus mauvais rapports TA / TC (Total Acheté / Total Consommé).
- Parce que c’est un des fruits les plus consommés dans le monde
Selon les sources, les bananes sont la troisième ou la quatrième denrée alimentaire de base dans le monde. En fait, il faut distinguer trois types de bananes :
• La Banane dessert : la plus cultivée, c’est elle qui fait l’objet des échanges commerciaux. Il existe plusieurs centaines de variétés mais une seule (Cavendish) représente la quasi-totalité des échanges. Cette « monoculture » apparaît d’autant plus inquiétante que dans les années 1940 la variété Gros Michel a été entièrement détruite par la maladie de Panama (fusariose du bananier) alors qu’elle était aussi très majoritaire et qu’une variante de ce champignon (Fusarium oxysporum), résistant à tout fongicide, commence à infecter la Cavendish.
• La Banane à cuire (25% de la production mondiale de bananes) : là aussi, il existe plusieurs centaines de variétés très souvent locales se distinguant des bananes dessert par leur moindre richesse en sucres. Les principales représentantes sont les Banane plantain.
• la Banane à bière : on la trouve surtout dans la région des Grands Lacs en Afrique et elle se caractérise par son amertume. Le commerce international de la banane représente moins de 15% de la production et se caractérise par une très forte concentration des opérateurs (3 sociétés représentant près de 60% du commerce mondial). A l’échelle mondiale, la banane est donc un fruit à consommation locale avec une grande importance stratégique pour les problèmes de nutrition en pays tropicaux et cela d’autant plus que ce fruit présente de fortes qualités nutritionnelles.
- Parce que c’est un des fruits les plus riches
Même s’il faut moduler les résultats du tableau ci-dessous (exprimés sur le frais) par la forte teneur en matière sèche de la banane, ce fruit est un des plus énergétiques que l’on puisse consommer.
Ainsi, les facultés végétatives du bananier et sa facilité de reproduction, la non saisonnalité de sa production, mais aussi la richesse alimentaire de la banane et sa facilité de transport expliquent l’importance de la culture de cette espèce. Le Service Agronomie du LCA est à votre disposition pour toute information complémentaire. N’hésitez pas à nous contacter !