Les paramètres agronomiques
Les produits organiques ont une double valeur agronomique :
- amendante (apport de matière organique)
- fertilisante (apport d’éléments minéraux)
Au laboratoire
(1) normalisation “boues”
(2) La réglementation a retenu la méthode par perte au feu pour apprécier la teneur en Mat.Org.
(Carbone organique estimé = perte au feu/2).
Pour des produits particuliers (boues industrielles, fortes teneurs en carbonates, …), le carbone organique peut être aussi dosé par oxydo-réduction (méthode Anne).
Remarque : L’azote global correspond à la somme azote organique + minéral. Il est apprécié par la somme azote total Kjeldahl + azote nitrique + azote nitreux
Interprétation
- Matière organique et valeur amendante.
La teneur en matière organique va varier en fonction de la nature du produit, de son temps de compostage... (Voir tableau)
Le rapport C/N :
Il donne une indication sur le type de matière organique (type amendement et type engrais). La réglementation retient ce rapport dans le cadre de la directive nitrate pour caractériser les produits utilisés :
Type 1 = type fumier, C/N > 8
Type 2 = type lisier, C/N < 8
A chaque type de produit correspond un calendrier d’épandage spécifique. Sur un plan strictement agronomique, une même valeur de rapport C/N peut correspondre à des comportements de produit très différents au niveau du sol. Aussi, le rapport C/N ne suffit pas à caractériser un produit organique.
- Matière organique et valeur fertilisante.
La valeur fertilisante des produits organiques peut être équivalente à celle des engrais minéraux pour la plupart des éléments nutritifs : K, Ca, Mg et oligo-éléments. Pour l’azote et le phosphore, la fraction directement utilisable varie selon les types de produits.
- L’azote : L’azote est présent sous forme minérale et sous forme organique. La fraction organique est composée par les microorganismes morts et vivants, les protéines et les peptides. La fraction minérale est composée de l’azote ammoniacal, nitrique, nitreux et uréique. Ces deux blocs font l’objet d’échanges permanents. Seule une fraction est utilisable par les plantes et constitue “l’effet direct” de l’apport. Un “arrière effet” existe. Il correspond à la fraction de la matière organique minéralisée de façon très lente. Il est très dépendant des conditions de sol (type de sol, niveau d’entretien organique, conditions de minéralisation), et de la fréquence des apports. Pour certains produits organiques, l’effet direct est faible. C’est l’arrière effet qui est alors important (minéralisation lente de l’azote organique sur les campagnes suivantes).
- Phosphore et Potassium :
L’apport de P2O5 et de K2O par les produits organiques de ferme peut se substituer en partie ou en totalité aux apports par engrais minéraux.
Le phosphore est présent sous forme minérale et organique. La forme organique représente couramment 75 % du phosphore total. Une fraction de ce phosphore est minéralisée. L’autre rejoint le pool de la matière organique stable du sol. Ce phosphore pourra par la suite être très lentement restitué.
La disponibilité du phosphore des produits organiques varie en fonction du type de produit. Un test de bio-disponibilité du phosphore commence à être réalisé en routine. Le potassium contenu dans les produits organiques se présente sous forme minérale exclusivement. Il a le même comportement que le potassium apporté par un engrais minéral.
- Magnésium, Soufre et Oligo-Éléments :
Outre les apports NPK, les produits organiques renferment tous les éléments minéraux présents dans les végétaux et les intrants (boues, déchets, …). Ils apportent fréquemment des quantités significatives de calcium, de magnésium, de soufre et d’oligo-éléments. Les teneurs sont très variables selon les types de produits.
- Impact sur l’équilibre acido-basique des sols :
L’impact d’un produit organique sur l’équilibre acido-basique du sol est difficile à apprécier. La seule détermination de sa valeur neutralisante (méthode NF U 44-173) ne suffit pas. La teneur en CaO d’un produit organique n’est pas toujours corrélée avec sa teneur en carbonate. Ce n’est qu’un mode d’expression de la teneur du produit en calcium. Par contre, l’effet alcalinisant peut être déterminé à partir du suivi de l’évolution du pH sur un mélange sol-produit (test “Effet alcalinisant par incubation” voir chapitre 2.3.4)
Conséquences agronomiques
Calcul de la dose d’apport (raisonnement agronomique) :
Sur les cultures annuelles et sur prairies, le calcul se déroule en quatre étapes : calcul de la dose permettant de satisfaire les besoins en azote, puis celui en phosphore et celui en potassium. On aboutit à 3 doses différentes. Le souci du respect du sol et de l’environnement pousse à retenir la dose la plus faible. Le complément de fertilisation est assuré par des apports d’engrais minéraux.