Conditions climatiques : effets sur la vigne

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Dans sa définition stricte, « le ‘terroir’ vitivinicole est un concept qui se réfère à un espace sur lequel se développe un savoir collectif, des interactions entre un milieu physique et biologique identifiable et les pratiques vitivinicoles appliquées, qui confèrent des caractéristiques distinctives aux produits originaires de cet espace » (OIV, 2010). En ce sens, le facteur climatique est indissociable de la notion de terroir. Le climat a souvent été évoqué dans les précédents Agro Reporter pour l’influence qu’il exerce sur le fonctionnement du sol et des plantes. L’année 2013 se caractérise par un très fort contraste des conditions météorologiques d’une saison à l’autre mais également par une homogénéité climatique peu habituelle entre les différentes régions françaises. Synthèse de ces conditions climatiques (sources Météo France) et de leurs effets sur les vignes.


PRINTEMPS (Mars à Mai)

le printemps a été froid, humide et peu ensoleillé sur la totalité des régions françaises, faisant de 2013 une année exceptionnelle (printemps le plus froid depuis 1987). Toutes les régions viticoles ont subi ces difficultés climatiques. Par exemple : précipitations une fois et demie supérieures à la normale (1981-2010) dans le sud de la Champagne ou dans le sud de l’Aquitaine ; 351 heures d’ensoleillement à Dijon pour une normale de 549 heures (1991-2010) ; 159 mm de pluie en mars à Nîmes pour une normale de 40 mm.


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  • Conséquences sur les ceps :

Pour toutes les régions viticoles, ce printemps difficile s’est traduit par des retards de débourrement, de développement et de floraison et, de façon quasi généralisée, par un jaunissement des vignes. Ce phénomène traduisait un épuisement des réserves glucidiques et minérales des ceps alors que le système racinaire n’était pas encore suffisamment actif (sols froids, humides, conditions peu poussantes...). Ces symptômes ont été accentués sur les parcelles chlorosantes ou sur les vignes ayant eu des difficultés de mise en réserve à fin 2012.


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ETE (Juin à Août)

après un mois de juin proche des mauvaises conditions du printemps, dans l’ouest et le sud-ouest, mais conforme aux références dans le nord-est et Rhône-Alpes, l’été a été généreux sur toute la France avec le mois de juillet le plus ensoleillé depuis 1991 et un ensoleillement de 10 à 20 % supérieur aux normales en Août. Malheureusement de fréquents accidents climatiques ont pénalisé le vignoble : fortes crues dans le sud-ouest, tornades, orages et surtout grêle sur la quasi-totalité des régions (Val de Loire, Bourgogne, Bordelais...). Les dégâts ont souvent été dramatiques et, cumulés aux difficultés du printemps, devraient conduire à une récolte nationale de vin inférieure à la moyenne des cinq dernières années.


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  • Conséquences sur les ceps :

En début d’été, les analyses de végétaux traduisaient l’état très juvénile des organes (limbes, pétioles) en présentant des teneurs encore très réduites en calcium (et éventuellement magnésium) par rapport à l’azote. Le rapport azote / calcium diminue en effet considérablement au fur et à mesure du vieillissement foliaire. Ce phénomène a entrainé des conséquences importantes : retards de maturité, forte sensibilité aux parasites de ces organes encore tendres, concurrence entre la partie végétative et la partie fructifère, coulure et millerandage sur les cépages sensibles… Pendant la deuxième partie de l’été, malgré la vague de chaleur de fin juillet, les vignes ont montré une activité photosynthétique intense qui a permis de compenser une partie du retard végétatif tout en assurant un niveau d’accumulation cohérent dans les baies.


AUTOMNE (Septembre à Novembre)

alors que le mois de septembre a été proche des normales saisonnières, mais avec quelques disparités régionales (pluviométrie excédentaire en Champagne par exemple), le mois d’octobre a été très doux et humide avec des températures moyennes supérieures de 1,6°C aux normales et des précipitations supérieures de 10%. Après avoir été plus élevées que la normale dans la première quinzaine de novembre, les températures ont ensuite fortement baissé. Globalement, l’ensoleillement a été déficitaire en novembre et les précipitations supérieures à la normale de 30% en moyenne.


  • Conséquences sur les ceps :

Le décalage de 10 à 15 jours observé au printemps s’est retrouvé au moment des vendanges. Les vignes ont eu généralement des conditions climatiques correctes en post-vendange, sans chutes de feuilles généralisées ou anticipées, ce qui laisse supposer une possibilité de mise en réserve favorable. Les observations de qualité d’aoûtement vont dans ce sens.

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HIVER

l’année 2013 restera dans les mémoires pour son climat contrasté : printemps froid et vague de chaleur en été. Il est difficile de savoir, à priori, quelles en ont été les conséquences sur les mises en réserve et sur la qualité du démarrage des vignes en 2014. Les premières analyses de sarments que nous avons réalisées au laboratoire montrent une très forte hétérogénéité des niveaux des réserves minérales et glucidiques qui ne permet pas, pour l’instant, de déterminer une tendance particulière.

L’année 2013 illustre parfaitement le fait que, pour une plante pérenne, en particulier pour la vigne, la gestion de la nutrition dans le but d’aider la plante à résister à d’éventuels aléas climatiques apparaît certainement plus importante qu’une fertilisation « de besoins » ou de « consommation ». En ce sens, les pratiques favorisant les deux périodes de mise en réserve (été-automne et fin de printemps) apparaissent primordiales, comme l’est également le contrôle de ces réserves.