Chaulage

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Chaulage et amendements basiques

Mode d’emploi : la nouvelle approche de la maîtrise de l’acidité des sols, issue des travaux du groupe chaulage du COMIFER, recentre les problèmes du chaulage.


Les amendements basiques - propriétés

Ils sont constitués :

  • d’un anion portant des charges négatives capable de s’associer avec les H+ pour les neutraliser (propriétés basiques). Parmi ces anions on peut citer O2- constitutif de la chaux vive CaO, HO- anion de la chaux éteinte Ca(OH)2, CO32- anion du carbonate de calcium (CaCO3) ou de magnésium (MgCO3).
  • d’un cation portant des charges positives et pouvant s’adsorber sur les sites négatifs du complexe adsorbant. Parmi ces cations, Ca2+ (calcium), Mg2+ (magnésium) sont les plus courants.


Les amendements basiques - mode d’action

Seules les bases issues de l’amendement basique peuvent “arracher” et neutraliser les H acides fixés sur le complexe. Le pH du sol augmente. Les sites négatifs, libérés par les H+, peuvent alors accueillir les cations Ca2+ ou Mg2+ apportés par l’amendement.

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Conséquences :

  • Le pH augmente du fait de la neutralisation de H+.
  • La présence d’ions aluminium échangeables et en solution (si pH inférieur à 5,8) diminue, du fait de la précipitation de l’aluminium avec libération de sites négatifs.
  • La CEC effective augmente (sites négatifs plus nombreux).
  • La quantité de calcium échangeable (voire de magnésium) augmente.


Calcul des besoins en amendements basiques

Cas général : les besoins de bases (chaulage) se raisonnent à partir de plusieurs indicateurs du statut acido-basique du sol.

Description des principaux indicateurs retenus

Indicateur

Description

Avantages

Limites

Explications agronomiques

pH eau

Mesure l’acidité d’une suspension de terre dans l’eau (rapport terre/eau normalisé)

Mesure simple peu onéreuse

Nombreuses références agronomiques

Fortes variations dans l’année (plus élevé en hiver que l’été)(1) et variations spatiales

Plus le pH est bas, plus la concentration en ions H+ et en aluminium dans la solution du sol est élevée (risque de toxicité)

CEC Metson

Capacité d’Echange en Cations, extraction à pH 7 par l’acétate d’ammonium

Méthode universelle de référence

Sur sols sableux forte variation

Mesure la charge négative potentielle du sol (pH = 7)

S/T ou taux de saturation

\frac{(Ca+Mg+K+Na) x 100}{CEC Metson}(2)

Corrélé avec le pH eau, un des estimateurs du besoin en « chaux »

Entretien l’idée fausse de l’effet basique de ces 4 cations

Mesure la part potentielle (pH = 7) occupée par les cations

Ca/T ou taux de saturation en calcium

\frac{Ca x 100}{CEC Metson}(2)

Idem, mais limité au calcium

Idem, ci-dessus

Mesure la part occupée par le calcium

Aluminium échangeable

Mesure conventionnelle de l’aluminium échangeable du complexe absorbant

Un des indicateurs de la toxicité aluminique

Ne permet pas de quantifier le besoin en « chaux »

En équilibre avec les ions aluminium en solution, dont certains sont toxiques pour les plantes

(1) Variations dépendant de l’activité biologique, des précipitations, de la fertilisation…

(2) Cations et CEC exprimés en meq/100g ou Cmol+/kg


Interprétation des indicateurs à partir de valeurs moyennes

Domaine

Très acide

Acide

Peu acide

Neutre

pH eau

5,5

5,8

6,5

7,2

S/CEC (%)

55

70

100

> 100

Ca/CEC (%)

45

55

85

> 100

Complexe absorbant

Ions aluminium dominants

Ca, Mg et K dominants

Al surtout complexé

Saturé par Ca, K et Mg

Aluminium complexé et précipité

Solution du sol

Aluminium abondant (toxicité +)

Peu d’aluminium (toxicité -)

Absence d’aluminium, Ca variable, pas de toxicité


Estimation des besoins de bases

Cas général

  • Eléments pris en compte pour le calcul du redressement :

        - pH eau = 5.8

        - CEC Metson = 12 cmol+/kg

        - S /CEC = 68 %

        - Profondeur du sol = 30 cm, absence de cailloux, soit un poids de terre fine estimé à 3700 tonnes/ha

  • Objectifs de l’apport d’amendement :

        - Atteindre un pH de 6.3 optimum pour une céréale,

        - Soit le S/CEC souhaitable de 90 % (pH eau et S/CEC sont très bien corrélés)

  • Besoin de bases (BDB) :

                        BDB = CEC x (S/CEC opti - S/CEC analyse) x 0.28 x Pds de terre fine

Pour cet exemple : BDB arrondi = 2750 unités de valeur neutralisante/ha

Cet apport pourra être fractionné en 2 fois, en apportant un amendement basique calcique (et magnésien en cas de déficit en magnésie).


Cas particulier des sols sableux

  • Estimation du redressement :

Si la CEC est inférieure à 5, on considère que les rapports des éléments sur la CEC deviennent peu significatifs. En conséquence, le calcul du Besoin de Bases (BDB) ne s’effectue plus à partir du [S/CEC] mais à partir du pH, suivant la formule suivante :

                        BDB = a x Mat.Org + b x (6.0 - pHanalyse) - c

(Pour un pH optimum de 6 : a=28.7 ; b =1410 ; c =830)

  • Stratégie de fertilisation :

        - Les risques de toxicité aluminique sont élevés jusqu’au pH de 5.

        - Si le pH < 6.0, on prévoit un redressement (BDB) plus entretien.

        - Si le pH est entre 6 et 6.2, on ne prévoit qu’un entretien tous les 2 à 3 ans.

        - Pour ces terres légères, la dose d’entretien se situe autour de 350 à 500 unités maximum de valeur neutralisante.


Cas particulier des prairies permanentes

Stratégie d’apport : source groupe chaulage du COMIFER

        - Si pH < 5.5, il est nécessaire de lever les risques importants de toxicité aluminique.

        L’apport de redressement se justifie pour amener le pH au delà de 5.5 et par rapport à la composition de la flore à moyen terme.

        - Si pH compris entre 5.5 et 6.3, l’entretien du pH sera justifié pour le maintien de la composition floristique, la pérennité de la prairie, la productivité en lien avec l’augmentation de l’azote absorbé, l’effet sur les légumineuses.

        - Au delà de 6.3, la surveillance du pH reste d’actualité en particulier en cas de forte fertilisation azotée.

Remarque : les valeurs indiquées ci-dessus se réfèrent à un pHeau moyen sur l’horizon 0/10 cm.